Une pièce à deux auteurs
Charles-François Pannard
Notons, tout d’abord, que le nom « Panard » est le seul
nom que le scripteur fait figurer sur le manuscrit. Insistons,
ensuite, que si l’on trouve le nom de l’auteur écrit « Panard »,
on a choisi de suivre Nathalie Rizzoni qui donne la préférence à
« Pannard »1
dans son ouvrage.
Poète, chansonnier et dramaturge,
Charles-François Pannard est né le 2 novembre 1689 à Courville. Il
fut d’abord le commis d’un procureur parisien, de 1717 à 1718,
avant de ne commencer véritablement sa carrière d’auteur
dramatique en 1726. Dans sa notice, Isabelle Degauque signale que le
premier grand tournant vers l’écriture est la rencontre de Pannard
avec le « comédien et auteur Marc-Antoine Legrand qui le
pousse à écrire pour le Comédie-Italienne de D’Allainval »2.
Le second grand tournant est sa rencontre avec Claude-Florimond
Boizard de Pontau, alors directeur de l’Opéra-Comique, qui fait
appel à Pannard pour écrire des pièces d’ouverture et de
fermeture, deux moments cruciaux dans le déroulement de la Foire. Le
succès de ses pièces lui vaut « une confortable aisance
matérielle pendant une quinzaine d’année »3,
ce à quoi Nathalie Rizzoni ajoute, toujours dans son ouvrage, que
« la meilleure preuve de sa réussite pourrait être la rente
que l’Opéra-Comique lui verse annuellement pour ses productions
(opéras-comiques, prologues et compliments) »4.
Son succès peut sans doute s’expliquer
par le talent qu’il manifeste dans la composition de vaudevilles.
Pannard est désigné par beaucoup comme « le dieu du
vaudeville »5,
il sera notamment surnommé « le La Fontaine du vaudeville »6
par Marmontel. Dans son ouvrage, Louis Gabriel Michaud note au sujet
de cette appellation que « Laharpe, qui trouve la comparaison
un peu trop honorable, convient que les couplets de Pannard sont
d’une tournure beaucoup plus heureuse que ceux de tous les autres
chansonniers de son temps. »7.
Cela étant dit, notre auteur reste humble en se désignant comme
« Peu vif dans l’entretien, craintif, discret, rêveur, /
Chansonnier sans chanter, passable coupleteur »8.
Bon vivant, Panard est l’ami intime
de Pierre Gallet dont la mort l’affectera beaucoup en 1757. Il
semble qu’ensemble, ils aient fondé de la Société du Caveau9
où Pannard rencontra et fréquenta nombres de ses pairs. À ce
sujet, Robert Sabatier écrit dans son ouvrage :
[...] Chez un traiteur du carrefour Bussi nommé Landel
dont l’établissement s’appelait le Caveau [...] Ces rencontres
cabaretières, dans une première période, à partir de 1729
réunirent donc Gallet, Piron, Collé, Crébillon père et fils,
Pannard, Fuzelier [...], des amateurs et des grands seigneurs.
Pendant dix ans, on chanta de joyeux couplets, on donna libre cours à
l’esprit, et les écrivains, les artiste les plus sérieux vinrent
là dans un climat de paix, de joyeuse humeur bonhomme et de franche
camaraderie [...]10
Notons, à ce sujet, l’existence d’un
tableau du peintre et auteur forain, Jacques Autreau, qui, entreposé
au Musée du Louvre, se veut représenter une scène des fameux
dîners de la Société du Caveau. Le tableau s’intitule « Les
Buveurs de vin » ou bien « Le Poète Piron et ses
amis » :
Figure 1 : Jacques Autreau, « Les Buveurs de vin » de
1729-1732, huile sur toile, 54,5 x 66,5 cm, au musée du Louvre,
Paris.
Il y a là également Crébillon père, auteur
dramatique ; Crébillon fils, connu lui pour ses contes et
romans licencieux ; le poète Charles-François Pannard, et
quelques autres. Ils composent des chansons égrillardes, ils
chantent le nectar. Le repas bien arrosé dure dix heures. L’amitié
partagée rend la gaité plus vive. Tout le monde se sépare ivres.
C’est la naissance des « Dîners du Caveau », une
association festive et chantante, qui va servir plus tard de modèle
aux goguettes. Les pères fondateurs décident d’inviter à
l’avenir d’autres amis, comme Jean-François Regnard, auteur de
célèbres comédies, le peintre François Boucher, le musicien
Jean-Philippe Rameau, le philosophe Helvétius. […] Ils seront
finalement une vingtaine de joyeux convives à se retrouver deux fois
par mois au Caveau pour, à frais communs, des dîners chantants et
de joyeuses agapes. 11
À peu près à la même date que la
disparition de la Société du Caveau toutefois, Pontau cède
l’Opéra-Comique à Jean Monnet. Cela a pour conséquence de voir
Pannard éclipsé par Favart qui « dès 1743, […] écrit le
prologue pour l’ouverture du "Nouvel Opéra-Comique" de
Monnet »12.
À partir de 1745, Pannard se tourne néanmoins vers le
Théâtre-Italien. Il finit sa vie de façon modeste et meurt
d’apoplexie à l’âge de 76 ans, le 13 juin 1765.
Le moins que l’on puisse dire est que
Pannard est un auteur très prolifique. Il met ses talents de
dramaturge et de chansonnier aussi bien au service de la Foire que du
Théâtre-Italien. Dans son ouvrage, Nathalie Rizzoni attribue à
Pannard une cinquantaine de pièces qui auraient été écrites en
société ainsi qu’un nombre équivalent écrites seul. Les frères
Parfaict témoignent également de la propension de notre auteur à
écrire en société ; dans leurs relevées, ils mettent en
exergue qu’une quinzaine de pièces est le fruit de la
collaboration entre Pannard et Pontau13,
parfois avec deux autres co-auteurs pour les accompagner. Néanmoins,
si sa production semble abondante, on peut noter qu’il n’y a
qu’une seule pièce de Pannard éditée dans le TFLO14.
Cette dernière remarque est cependant à relativiser car, comme le
souligne Marcello Spaziani, l’ouvrage de ne correspond qu’à « la
majeur partie de sa [Lesage] propre production foraine […] pendant
qu’ils semblent ignorer presque tous des œuvres de quelques
auteurs qui ne méritaient pas moins d’être retenus […] »15.
Marcello Spaziani fait, en effet, remarquer le peu de traces dans le
TFLO « de l’œuvre théâtrale de Louis Fuzelier, Alexis
Piron, Charles-François Pannard […] »16.
Le graphique suivant, créée à partir des informations récoltées
par CESAR, tente de rendre compte de la production théâtrale de
Pannard par année :
Figure 2 : Graphique représentant le nombre de pièces écrites par Pannard,
selon CESAR, par années.
Ce
graphique met en exergue que les années 1730 et 1740 sont les
périodes où Pannard est le plus productif. On peut, d’ores et
déjà, noter que notre pièce datant de 1733, elle fait partie d’une
apogée de l’écriture pour Pannard. Il s’agit de la décennie où
Pontau est entrepreneur de l’Opéra-Comique17,
justifiant ainsi les propos de Nathalie Rizzoni lorsqu’elle écrit
que Pannard est un « auteur-phare tout au long du règne de
Pontau »18.
Ce qui est certain, c’est que Pannard écrit beaucoup de
compliments et de prologues dans ces années 1730 et 1740.
Concluons donc cette notice
biographique par les propos de David Trott lorsqu’il cite Nathalie
Rizzoni :
Charles-François Pannard, praticien de ce que Nathalie
Rizzoni appelle « le petit », fut attiré par l’espace
intermédiaire entre la scène et la salle. Parmi les 145
« morceaux » qu’elle lui attribue, figurent de
multiples compliments d’ouvertures et de clôtures des saisons
foraines, mais aussi un grand nombre de prologues sur-théâtralisés
par leur statut de pont entre les spectateurs et les pièces qu’ils
annonçaient […]19
On trouvera, en annexe 5, un parfait
exemple de ce goût pour le « petit » avec la
transcription du Prologue d’Acajou datant de 1749. Ce
prologue fait montre de ce jeu méta-textuel auquel se livre
volontiers Pannard car les personnages qui dialoguent sont un auteur
et un acteur. Ils évoquent des éléments tels que la « pièce »,
la « représentation » ou encore « le tailleur »
et de « magasin de l’Opéra-Comique ». L’acteur
demande même à l’auteur la façon dont il a « distribué
les rôles ». Néanmoins, ce qui reste le plus intéressant, au
regard des propos tenus par Nathalie Rizzoni, est le rapport avec le
public qui est sous-entendu. L’auteur dit qu’il « travaille
un sujet dans le dessein de plaire au public ». Au sujet du jeu
des acteurs, il évoque également l’idée de « se corriger
avec les avis du public ». Il couronne même l’importance de
cette interaction lorsqu’il dit que « c’est lui qui
nous fait ce que nous sommes ».
Louis Fuzelier
Bien qu’il n’apparaisse pas sur le manuscrit du Départ de
l’Opéra-Comique au côté du nom de Pannard, Fuzelier est bien
le co-auteur de cette pièce. En effet, dans un manuscrit autographe
intitulé l’Opéra-Comique, datant peut-être de 1739 selon
Françoise Rubellin, et conservé à la Bibliothèque de l’Opéra,
Fuzelier écrit : « Foire Saint-Laurent 1733. Les Sincères
malgré eux, d’un acte, n’ont point réussi et Le Départ
de l’Opéra-Comique avec Panard ». L’auteur affirme
clairement être l’un des deux auteurs de la pièce, il mérite
donc de figurer ici.
Nous nous permettons ici de renvoyer à la notice biographique la
plus développée qui existe sur Louis Fuzelier dans Atys
burlesque20.
On se contentera donc de dire que Fuzelier est né en 1672 et qu’il
est mort le 19 septembre 1752. Il a été l’auteur d’une
abondante production de pièces autant pour la Foire que pour les
autres théâtres notamment durant les années 1720 comme nous le
montre le graphique qui suit :
Figure 3 : Graphique représentant le nombre de pièces écrites par
Fuzelier, selon CESAR, par années.
Si nous ne
citerons pas ici toutes les pièces de Fuzelier, on peut néanmoins
mentionner Les Fêtes grecques et romaines, ballet héroïque
mis en musique par François Colin de Blamont datant de 1723, qui est
cité dans notre pièce.
Leur collaboration
Nous aimerions ici faire un point sur la collaboration plus générale
de ces deux auteurs dans laquelle notre pièce vient s’inscrire.
Sans compter les compliments, CESAR
dénombre environ 14 pièces que les deux auteurs auraient écrites
en commun21.
Cela ne représente pour chacun des deux auteurs qu’une infime part
de leur production globale comme en témoignent les graphiques qui
suivent :
Figure 4 : Graphiques représentant le pourcentage de pièce en
société de Pannard et Fuzelier sur la production globale de chaque
auteur selon CESAR.
Le manuscrit
L’édition de la pièce de Panard et Fuzelier, Le Départ de
l’Opéra-Comique, est établie à partir du manuscrit conservé
à la Bibliothèque nationale de France sous la cote f.fr. 9323 (f°
119-144).
Notons que certaines répliques de la
pièce sont retranscrites et imprimées dans un ouvrage éditer par
Desbouliers22.
Il s’agit d’une alternance de résumés des scènes et de
transcriptions de répliques emblématiques de la pièce de Pannard
et Fuzelier. On trouvera, en annexe 6, l’extrait de l’ouvrage de
Desbouliers qui concerne notre pièce. Les passages transcris sont la réplique de l’Ivrogne à
la scène 5 sur l’air « Jupin, dès le matin » suivie
de la réplique d’Olivette, un mélange des répliques
d’Hamoche et Rebours ainsi que les réponses d’Olivette à la
scène 6 et les répliques du Médecin et
de la Foire dans la dernière scène à partir d’une réplique de
la Foire : « Partout ! Vous avez là un grand
logement ». Cette impression partielle est une
première preuve suggérant que la pièce de Pannard et Fuzelier a eu
un certain succès.
Représentations et réceptions
La pièce de Pannard et Fuzelier, Le Départ de l’Opéra-Comique,
semble avoir rencontré un relatif succès puisqu’elle a été
jouée à trois reprises à la Foire Saint-Laurent. Tout d’abord,
le 20 juillet 1733 puis, huit jours plus tard, le 28 juillet 1733.
Elle fut, ensuite, reprise en 1750. Au sujet de la première
représentation, les frères Parfaict notent :
Le 20 Juillet l’on donna la première représentation
de L’Île du mariage […] de M. Carolet, Les Sincères
malgré eux, Le Départ de l’Opéra-Comique ; ces deux
pièces, chacune d’un acte, dont la première était de M.
Fuzelier, et l’autre du sieur Panard, étaient terminées par un
Ballet Pantomime, intitulé : Les Âges […] qui furent
extrêmement applaudis.23
Ce programme se voit donc confirmé par
Louis Fuzelier dans le manuscrit autographe que nous avons mentionné.
Il est également justifié par notre manuscrit car les derniers
couplets de la pièce font, en effet, l’annonce du divertissement
Les Âges lorsque le Médecin chante « C’est un ballet
qui des quatre âges / Faisant tour à tour le tableau / Peindra
leurs goûts et leurs usages », ce à quoi le personnage de la
Foire ajoute que le « ballet sera pantomime et divisé en
quatre parties ».
Hypothèses sur les acteurs
Le manuscrit de notre pièce est dépourvu d’une liste qui
annoncerait clairement les acteurs qui prennent les rôles de
personnages tels que La Foire, Olivette, Scaramouche ou encore Le
Médecin. Nous n’avons également pas pu retrouver de sources
pouvant nous l’indiquer. Cependant, parmi les noms cités dans la
pièce, certains sont ceux de véritables acteurs comme nous le
confirme CESAR. On peut ainsi relever parmi les « acteurs de
l’Opéra-Comique », tout d’abord, Mademoiselle
Julienne-Nicole Sabatier, épouse Bercaville dite Mademoiselle Julie
dont Campardon écrit qu’elle était une actrice de
l’Opéra-Comique qui
[…] débuta à ce théâtre à la foire Saint-Laurent
de 1733, dans Le Départ de l’Opéra-Comique […] de
Panard, et joua le rôle de la Lune, dans Zéphire et la lune ou
La Nuit d’été, […] de Boissy, représenté à la même foire.
Julie Bercaville, qui n’était connue à l’Opéra-Comique que
sous le nom de Julie, débuta plus tard sous son nom de famille à la
Comédie-Française.24
Le site CESAR nomme Mademoiselle
Désaigles qui n’aurait, selon Campardon25,
joué que pour cette pièce uniquement ainsi que Monsieur Pierre
Drouillon (aussi orthographié Dreuillon)26.
Nous n’avons pu, pour celui-ci, déterminer avec exactitude quel
pouvait être son rôle. Cependant, puisqu’il jouait le personnage
d’Arlequin pour la troupe d’Alexandre Bertrand et qu’il a tenté
d’entrer à la Comédie-Française, selon Campardon, on peut
supposer qu’il ait joué le rôle de l’Acteur romain. Ce rôle
est le cumule deux autres que sont le valet brillant et Arlequin dans
les scènes 8 et 9 comme nous l’indique Olivette lorsqu’elle
chante : « L’empereur romain / Devient Mascarille /
Ensuite Arlequin / Sous la même mandille » à la scène 9.
Deux autres personnages sont nommés
par leurs noms, il s’agit des deux « machinistes d’Opéra »
à la scène 6, que sont Monsieur Rebours et Monsieur Hamoche. En ce
qui concerne Monsieur Rebours, dans sa thèse, Les théâtres des
foires Saint-Germain et Saint-Laurent dans la première moitié du
XVIIIe siècle (1697-1762), Agnès Paul propose un dictionnaire
biographique dans lequel le nom de Rebours figure. Elle nous dit de
lui qu’il est
[…] fils d’un rubanier, [qui] entra comme musicien à
la cathédrale de Metz avant de se joindre à une troupe de comédiens
de province. Il débuta à l’Opéra-Comique à la Foire
Saint-Germain de 1730 dans Les Couplets en procès et s’y
fit connaître sous le nom de Jacquot ou le Pierrot bleu. Mais il se
fâcha avec Pontau à propos d’une actrice et repartir pour la
province [...]27
Il est, d’autre part, présenté par
Campardon comme un
[…] acteur de l’Opéra-Comique, [qui] a joué à ce
théâtre un crieur dans Arlequin chirurgien de Barbarie,
parade composant la première partie de l’acte I de L’Histoire
de l’Opéra-Comique, ou Les Métamorphoses de la Foire
par Lesage, représentée le 27 juin 1736 ; Lucas, dans L’Amour
paysan […] par Carolet, représenté le 28 juin 1737 […]
Rebours a rempli encore différents rôles dans Le Départ de
l’Opéra-Comique […] de Pannard, représentée le 28 juillet
1733 […]28
Bien qu’apprendre avec précaution,
ces informations sont intéressantes car elles suggèrent que Rebours
aurait joué différents rôles. Si l’on s’attarde sur la
composition de la pièce, il est peu probable que Rebours est joué
l’Ivrogne (scène 5) puisque les scènes sont les unes après
l’autres et l’on se doit de supposer que l’acteur est dû
sortir de scène pour changer quelques éléments de sa tenue pour
différencier les personnages qu’il jouait. Il est possible
d’envisager que Rebours, si ces informations sont justes, est joué
soit le rôle du Médecin ou celui d’un de ces deux écoliers
(scène 3), soit le rôle de Scaramouche (scène 2) ou bien celui de
Monsieur Bémol (scène 4). On peut supposer que comme lui certaines
actrices citées dans la première scène endossent plusieurs rôles
comme celui de l’Actrice comique française ou bien Colombine. En
ce qui concerne Monsieur Jean-Baptiste Hamoche, Agnès Paul écrit de
lui qu’il « débuta comme violon dans la troupe de province
dirigée par Maillot vers 1707 »29
puis qu’il passa ensuite dans différentes troupes « avant
d’être engagé par Pellegrin pour le rôle de Pierrot, 1712
[...] »30.
Nous sommes, en effet, en présence d’un acteur très réputé à
la foire dans son rôle de Pierrot, notamment dans la pièce Pierrot
furieux ou Pierrot Rolland31.
Même si nous ne pouvons en avoir la
moindre certitude, on peut émettre l’hypothèse que le rôle de
Colombine fût interprété par Mademoiselle Delisle. Bien qu’elle
ne soit pas citée, Agnès Paul nous dit, dans sa thèse, que
l’actrice est entrée « en 1725 à l’Opéra-Comique, où
elle [reste] jusqu’en 1740, date de sa retraite »32
et elle était « réputée pour son interprétation du rôle de
Colombine »33.
Il est également possible que Mademoiselle Deslisle est joué le
rôle d’Olivette puisqu’elle est aussi présentée sous ce surnom
par CESAR lorsqu’elle est mentionnée dans la troupe de
Francisque34.
Argument de la pièce
En mauvaise posture, le personnage de la Foire s’adresse à ses
acteurs et ses actrices pour les inviter à partir en leur disant
qu’il n’y a « point d’autre parti à prendre que celui
d’aller en province ». Elle les informe que son fils,
l’Opéra-Comique, sur qui elle comptait s’appuyer ne se porte pas
mieux et qu’il ira les rejoindre une fois qu’il « sera
convalescent ». Les acteurs se plaignant de la difficulté à
contenter les « théâtres de campagne », la Foire lance
la pièce à tiroirs en désignant Olivette pour examiner les talents
qui se présenteront pour faire partie de la troupe qui les
accompagneront en province (scène 1). Les deux scènes qui suivent,
annoncent et voient l’arrivée des personnages de Scaramouche, du
Médecin et de ses écoliers (scène 2 et 3). Le Médecin se
distingue très vite de ses confrères en se caractérisant par des
remèdes à base gaité. L’Opéra-Comique étant le sujet de sa
visite, il annonce à la Foire qu’il trouvera « […] bientôt
/ Le remède qu’il lui faut ». Olivette entre alors en scène
pour « examiner les acteurs qui doivent se présenter pour
former la troupe que [le] fils [de la Foire] veut envoyer en
campagne ».
La pièce à tiroirs commence
véritablement à ce point de la pièce ; dès lors, Olivette
tiendra différents examens. Elle reçoit, tout d’abord, Monsieur
Bémol qui vient se présenter en tant que « maître de
musique » ainsi que Mesdemoiselles Julie et Desaigles, « deux
cavalières / Qui ne manquent pas de talents ». Ils exécutent
ensemble une cantatille pour passer l’examen d’Olivette (scène
4). Le second acteur à se présenter est un Ivrogne qui prétend
seulement l’être pour prouver qu’il est comédien (scène 5).
Deux machinistes de l’Opéra, Rebours et Hamoche, sont les suivants
à se présenter devant Olivette (scène 6). Les deux hommes se
présentent comme « des personnes d’élites » avec des
« talents divers » et se lancent dans une joute reprenant
ce dont ils ont pu être les témoins à l’Opéra. Olivette est
obligée de les interrompre et de leur promettre d’être,
« peut-être », reçus dans la troupe. Une Actrice
française et Colombine se présentent à leur suite (scène 7) et se
disputent la première place. Un Acteur français en romain les
rejoint (scène 8) pour déclamer des vers. Les Actrices française
et italienne lui cèdent le pas et le laissent passer l’examen
d’Olivette en premier. Il est reçu en tant qu’ « acteur
tragique » mais se propose de donner la réplique à l’Actrice
française en se transformant en « valet brillant ». Les
deux acteurs jouent une scène de comédie, la soubrette prenant le
rôle de « Nérine » et l’Acteur français prenant le
rôle de « Frontin ». Alors que la scène se termine par
un soufflet donnée par l’Actrice française, l’Acteur français
se propose, dans la scène qui suit, de se changer en Arlequin afin
de donner la réplique à Colombine (scène 9). Ils jouent ensemble
« une scène de dépit » où l’Acteur français en
Arlequin joue « le volage » et Colombine tient le rôle
de « l’amante délaissée ». La scène se termine par
des coups de bâton donnés par Colombine à l’Acteur français.
Celui-ci fait encore montre de l’étendue de ses talents en
proposant de consoler Olivette de l’absence du maître de ballet
que vient lui annoncer Scaramouche (scène 10). Il se montre, en
effet, capable de danser les différents mouvements des zanni
italiens que sont Arlequin, Polichinelle, Scaramouche et Pierrot. Il
se montre également capable de faire « le paysan ». La
dernière scène voit le retour de la Foire et du Médecin. La Foire
remercie celui-ci d’avoir « un peu remis sur pieds »
son fils, l’Opéra-Comique. Elle demande alors à savoir qui il est
et où il réside, le Médecin se présente donc enfin comme étant
la joie, « fille de la santé ». Ensemble, les deux
personnages annoncent le ballet pantomime, Les Âges, qui va
suivre notre pièce qui se termine.
Commentaire
Un manuscrit incertain et fluctuant
Avant toute autre remarque, il nous faut mettre en exergue que le
manuscrit du Départ de l’Opéra-comique de Pannard et
Fuzelier comporte de nombreuses fluctuations au sujet des
personnages, de la façon dont ils sont nommés, ainsi que de
nombreuses absences au sujet de leurs déplacements scéniques. Cela
peut être seulement le fait du scripteur mais ces fluctuations et
ces absences sont assez fréquentes et gênantes pour être relevées.
Notons, tout d’abord, que s’il peut
s’agir d’erreurs du scripteur, de nombreux éléments scéniques
sont absents. N’étant jamais indiquées, les sorties et les
entrées ne sont, par exemple, pas claires pour le lecteur. À la
scène 3, il ne nous est pas indiqué si Scaramouche est sorti, on ne
peut que le supposer à la lecture parce qu’il n’intervient plus
jusqu’à la scène 10 où il vient prévenir Olivette de la
blessure du maître de ballet. D’autre part, il manque des
didascalies là où on les attendrait. Songeons, par exemple, aux
scènes jouées entre l’Acteur français et les Actrices française
et italienne (scènes 8 et 9). En effet, l’Acteur français dans le
rôle de Frontin s’écrit : « Tudieu, comme vous le
faites claquer, il ne fallait pas le donner si fort », dans la
scène 8, au sujet du soufflet que l’Actrice française vient de
lui donner. Olivette commente pour nous les scénettes que joue
l’acteur par les propos suivants : « Vous terminez
agréablement vos scènes avec ces demoiselles, la française vous
donne un soufflet et l’italienne des coups de bâton » à la scène
9. Les indications scéniques se laissent finalement devinées par
les paroles des personnages. L’entrée en scène d’Olivette est
également annoncée par les paroles du personnage de la Foire et non
par des didascalies : « Allons… Mais, je ne vois pas
Olivette. J’aurais voulu l’instruire. Ah, la voici » (scène
3). Ces éléments font, néanmoins, montre que notre manuscrit
est moins fait pour être lu que pour être joué.
Lorsque l’on met en parallèle la
distribution, les indications de début et à l’intérieur des
scènes, on trouve de grandes disparités. Certains ne trouvent pas
de nom de la distribution mais apparaissent durant les scènes,
d’autres changent de nominations durant une même scène ou d’une
scène à l’autre. Pour n’en donner que quelques exemples, on
peut s’attarder sur la scène 3 où deux personnages sont présents
mais ne sont pas nommés dans les indications scéniques de début de
scène. Il s’agit de « Flamand » et « Mesure » à
qui s’adresse le Médecin. Si l’on se rapporte à la distribution
initiale, on peut supposer qu’il s’agit des « deux
écoliers ». Nous avons regroupé les différentes appellations
que portent les personnages dans le tableau suivant :
Figure 5 : Tableau représentant les personnages nommés dans Le
Départ de l’Opéra-Comique selon la distribution et dans le
corps des scènes.
Notons, au
sujet de ce tableau, que l’on n’a pas pu retrouver l’existence
d’un « Monsieur Bémol » qui aurait fait partie de
l’Opéra-Comique. Si l’hypothèse n’est pas à rejeter, elle ne
peut pas être confirmée non plus. Nous le classons néanmoins sous
l’entrée « plusieurs acteurs de l’Opéra-Comique »
parce qu’il entre en scène avec Mesdemoiselles Julie et Désaigles
qui sont bien des actrices de l’Opéra-Comique35.
Mettons en avant le cas l’Ivrogne nommé « Un Faux Ivrogne »
dans la distribution initiale mais qui, au début de la scène 5, est
présenté sous l’appellation « l’Ivrogne ». En
effet, il n’est appelé « Faux Ivrogne » que lorsqu’il se
démasque à partir de sa réplique adressée à Olivette : « je
l’ai seulement contrefait ».
Cela dit, le cas de l’Acteur français
est le plus frappant. Durant toute cette scène 8, l’acteur
continue d’être appelé « Acteur romain » par le
scripteur mais cela porte à confusion parce qu’il prend un autre
rôle, celui de valet pour donner la réplique à l’Actrice
française, nous laissant comprendre qu’il jouait également un
rôle lorsqu’il s’est présenté en « romain ». Le
nom de l’Acteur français ne cesse donc de varier entre
« français » et « romain » avant que de
n’être fixé pour l’Acteur français dans les scènes 9 et 10.
Néanmoins, la mention d’ « Acteur romain » est
importante à la scène 7 car elle permet de comprendre et de
justifier que l’Actrice « comique » française lui
laisse le pas. En effet, la tragédie est plus noble que la comédie
et a donc l’ascendant sur celle-ci au XVIIIe siècle. On trouve la
même incertitude que celle de l’Acteur français pour le
personnage de Colombine qui est présenté à certains moments par
l’appellation « L’Actrice italienne ». En effet, à
la scène 10, la première réplique de Colombine est sous le titre
d’ « Actrice italienne » néanmoins sa seconde
réplique est sous le titre de « Colombine » lorsqu’elle
dit « de tête, cela me paraît fort […] ».
Au-delà de ces incertitudes et
fluctuations, l’étude des noms des personnages mène à penser que
la distribution initiale a été écrite avant que les acteurs soient
fixés. « Valet brillant », « soubrette française »
sont des reprises de répliques des personnages et non la façon dont
sont nommés les acteurs. On trouve, en effet, les mentions de
« soubrette française » et de « valet brillant »
à la scène 8 lorsque l’Acteur français passe du rôle de
l’Acteur romain à celui du valet de comédie pour donner la
réplique à l’Actrice comique française. Cela expliquerait que
les personnages prennent les vrais noms d’acteurs et d’actrices
de l’Opéra-Comique comme l’illustre le tableau qui précède.
Une pièce à tiroirs particulière
Avant de nous lancer dans le développement de tout autre
commentaire, précisons que nous sommes face à une pièce à
tiroirs. Dans De la poésie dramatique, Diderot déplore
l’abondance de « ces pièces que nous appelons à tiroirs [et
où] des scènes épisodiques [succèdent] à des scènes épisodiques
et décousues, ou tout au plus liées par une petite intrigue qui
[serpente] entre elles, mais [où l’on ne trouve] plus d’unité,
peu d’action, point d’intérêt »36.
La pièce à tiroirs est donc une pièce « sans fond et
soutenue seulement par des scènes détachées […] des scènes à
tiroirs, parce qu’[on] les tire l’une après l’autre de tiroirs
différents et qu’il ne fait que les coudre ensemble »37.
Ces définitions offrent donc la vision d’une pièce qui n’aurait
que peu de cohésion d’ensemble, présentant des scènes déjà
écrites au préalable, voir des scènes « types ». Notre
pièce, Le Départ de l’Opéra-Comique, présente bien de
telles scènes. En effet, on peut dénombrer au moins une scène
comportant un ivrogne et une autre comportant une querelle entre deux
femmes. En citant notre pièce comme exemple, Nathalie Rizzoni
signale qu’« entre comédiennes les crêpages de chignon
sont, au propre comme au figuré, légion »38.
Néanmoins, si l’on voit bien de
telles scènes se succéder, on se doit de remarquer qu’elles se
placent toutes sous l’égide de la dramaturgie, de l’activité
théâtrale. L’Ivrogne de la scène 5 ne l’est, en effet, pas
vraiment ; il contrefait et avoue à Olivette : « Je
n’ai fait cela que pour vous prouver que je suis comédien ».
Les deux femmes qui se querellent se présentent également comme des
actrices et font référence à des réalités de la vie théâtrale
comme celle qui veut que le Théâtre-Français est le pas sur le
Théâtre-Italien. En effet, l’Actrice française de la scène 7
soutient les propos suivants : « Je m’imagine que c’est
à moi à parler la première. Je suis instruite des prérogatives du
théâtre français. Je soutiendrais mon rang » ; ce que
confirmera l’Actrice italienne, Colombine, lorsqu’elle dit à
Olivette : « nous savons que les acteurs italiens doivent
céder les honneurs du cérémonial aux acteurs français. Ils le
disent si souvent que nous ne pouvons pas l’ignorer ». Ainsi,
même les scènes qui peuvent apparaître comme types, aux premiers
abords, participent à la peinture des dessous de l’activité
théâtrale. D’autre part, toujours au sujet des pièces à
tiroirs, Dominique Quéro ajoute dans son article qu’« il
[n’est] pas rare d’assister aux audiences d’une divinité ou
d’une fée (ou de l’un de ses substituts) chargée d’entendre
les souhaits ou les plaintes des mortels […] »39.
En cela, notre pièce diffère néanmoins du modèle type de la
pièce à tiroirs. Il n’est, en effet, pas question de tenir
audience mais plutôt de faire passer des auditions afin de recruter
des talents pour la troupe qui partira en province avec
l’Opéra-Comique. Les personnages qui se succèdent nous offrent
donc un échantillon de ce que peut être une audition en exhibant
leurs talents respectifs.
Les auteurs, Pannard et Fuzelier, usent
brillement de la pièce à tiroirs qui soutient parfaitement cette
déconstruction de l’activité théâtrale. Nathalie Rizzoni
remarque, en effet, que Pannard chérie tout particulièrement ce
genre de pièce lorsqu’elle note qu’
Un pan du répertoire joué sur ce théâtre
[l’Opéra-Comique] met régulièrement en scène l’inorganisation
d’une entreprise dont la prétendue déroute fait frémir à tout
instant. Charles-François Pannard s’est fait une spécialité de
ce type de « pièces catastrophes », où la machine
théâtre semble devenue folle et impossible à maîtriser […]40
Notons que les « maladies »
en question peuvent être de subtiles références aux interdictions
auxquelles les forains sont soumis41.
Cela étant dit, si l’expression de « pièces catastrophes »
peut paraître excessive, on trouve bien l’idée d’entreprise en
« déroute » dès la première scène de la pièce de
Pannard et Fuzelier. En effet, la Foire nous l’expose en
s’exclamant à plusieurs reprises :
Vous voyez ma situation ! Quel secours pourrai-je
vous donner ? Je ne puis me soutenir moi-même ! Non,
jamais je n’ai été si abattue ! Quoique j’ai essuyé bien
des maladies ! […] Hélas ! Quel espoir peut-il me
rester ? Mon fils bien aimé, l’Opéra-comique, sur qui je
comptais pour être l’appui de ma vieillesse, ne se porte pas mieux
que moi ! Et il est encore sur le grabat d’une chute qu’il a
fait ici il y a plus de trois semaines.
Ces considérations mises à part,
comme cela est souvent le cas pour les pièces à tiroirs, Le
Départ de l’Opéra-Comique nous présente des scènes avec des
personnages types qui instaurent des critiques de certains éléments
de la société. La scène 3 dédie, en effet, certaines de ses
répliques à la gloire des médecins et de leur « effroyable
livrée d’Hippocrate ». La Foire ne manque pas de remarquer
que le personnage du Médecin « ne ressemble guère à ceux […]
Qui roulent dans une voiture / Grâce à cinq ou six mots de grec /
Et qui s’engraissent à mesure / Qu’ils réduisent les corps
à sec ». La particularité de notre pièce, cependant, est qu’elle
situe la plus grande partie de ses critiques dans le domaine de
l’activité théâtrale. On trouve, de fait, des moqueries sur
certains versants absurdes de l’Opéra dans la scène 6 avec les
deux machinistes. Dans cette scène, Rebours dit avoir vu « l’amant
d’une bergère, / Lorsqu’elle dormait dans un bois, / Prescrire
aux oiseaux de se taire / Et lui chanter à pleine voix » ;
ce à quoi Hamoche répond avoir « vu Daphnis dans la prairie,
/ Au bruit des instruments divers, / Dormir sans en avoir envie / Et
rêver les deux yeux ouverts » ou encore avoir « vu des
guerriers en alarmes / Les bras croisés et le corps droit /
Crier cent fois : "courons aux armes" / Et ne
point sortir de l’endroit ». Les deux machinistes mettent
donc en exergue les invraisemblances de l’Opéra dont se moquent
souvent les pièces foraines. On peut également relever les
rivalités entre les théâtres officiels qui sont incarnées par les
Actrices française et italienne. à la scène 7, l’Actrice
française interpelle l’Italienne par les propos suivants :
« Vainement vous vous comparée / Aux meilleures actrices. /
Sur la scène vous folâtrez » ; ce à quoi répond
Colombine : « Et vous dans les coulisses ». Les mœurs
légères des actrices sont donc subtilement évoquées, autant à la
Comédie-Française qu’à l’Opéra. En effet, dans la scène 4,
l’une des écolières de Monsieur Bémol fait référence à
l’Opéra lorsqu’elle chante : « Mais qu’au pays où
l’on danse et fredonne, / Une foule d’enchérisseurs / Se ruine
pour des douceurs / Qu’ont gouté tant de précurseurs, / C’est
là ce qui m’étonne ». Mais, personne n’échappe à la
satire, chacun se trouve sous son joug ; à l’Acteur romain,
on reproche avec ironie sa modestie (scène 8) et on se moque de
l’incapacité à chanter juste de l’Actrice italienne (scène 9).
Le genre, ce qu’il implique et la
façon dont il est employé, placent donc la pièce sous le signe de
l’activité théâtrale. Il ouvre la porte à l’envers du décor
des pièces de théâtre.
Les dessous de l’activité théâtrale
Au-delà des effets que provoque le genre, de nombreuses références
à l’envers du décor sont disséminées tout au long de la pièce.
Cette idée d’examen, d’audition
que viennent passer les différents talents participent, en effet, à
faire transparaître cet envers du décor. Pour illustrer cette idée,
relevons simplement la réplique d’Olivette à la scène 8 où elle
dit à l’Acteur Français : « Vous voilà reçu pour
acteur tragique, permettez-moi de donner audience à cette soubrette
française ». On trouve dans ces propos les mouvements d’une
audition que passent les acteurs comme elle pourrait être dans la
réalité. Cette situation créée aussi un effet de théâtre dans
le théâtre. Si nous l’avions déjà mis en lumière à travers la
figure du Faux Ivrogne qui jouait un rôle, on trouve également cet
effet dans les scènes qui concernent l’Acteur français et les
Actrices française et italienne. Cela est notamment frappant lorsque
l’Acteur français et Colombine jouent « une scène de
dépit » où « [il fera] le volage et [elle] l’amante
délaissée » et qu’Olivette réplique : « Et moi
je ferai le parterre, commencez ». Le personnage d’Olivette,
qui s’était présenté comme juge, prend la place du public. Elle
renvoie de cette façon à une réalité théâtrale bien concrète,
c’est-à-dire que le public est le juge le plus important de toute
performance comme de toute pièce. De plus, cet effet de théâtre
dans le théâtre se fortifie avec tout un champ lexical sur le jeu
et l’audition. On relève, ainsi, particulièrement dans les scènes
7 à 9 des expressions telles que : « rôle »,
« finir notre scène à l’italienne », « recommençons
jusqu’à ce que je fasse mieux », « si nous répétons
encore deux fois cette scène », « jouons nous une scène
écrite, ou jouons nous de tête ? », « jouer à
l’impromptu », « jouerons-nous quelques parodies
», « son échantillon est tiré d’une mauvaise pièce »,
« vous terminez agréablement vos scènes »…
Ce dessous de l’activité théâtrale
passe également par les commentaires que l’on trouve sur le jeu
des acteurs. Il peut, tout d’abord, s’agir de mouvements
scéniques comme le suggère l’Acteur français lorsqu’il dit à
l’Actrice française : « donne-moi ici un soufflet […]
comme vous le faites claquer, il ne fallait pas le donner si fort »
à la scène 8. L’adverbe « ici » témoigne que
l’Acteur français prend là le rôle que l’on attribuerait à
un metteur en scène de nos jours en indiquant à l’actrice à quel
moment elle devrait frapper son amant. Il peut, d’autre part,
s’agir de commentaires sur la façon de se tenir ou de se mouvoir.
La longue réplique que l’Acteur français adresse à l’Actrice
française en est un parfait exemple :
Allons, ma chère Nérine… Trottez un peu, ce n’est
point-là du tout l’allure dont Nérine lève la tête… Bon,
croisez les bras d’un petit air mutin… En me regardant d’un
petit air dédaigneux… Pas mal… Pas mal… Çà, je m’appelle
Frontin. Moi, je vais te faire une déclaration d’amour… Enfin
succulente Nérine. Je ne saurais plus retenir les soupirs impétueux
que fait naître ton minois escarbillard… Réponds moi donc.
L’Acteur français continue à
endosser le rôle de metteur en scène en indiquant à l’actrice la
façon dont elle doit se comporter pour être crédible dans le rôle
de soubrette. Tout un jeu scénique est à imaginer ici ; on
peut supposer à juste titre que l’actrice essaye différents
maintiens que l’acteur corrige avant de ne commencer véritablement
la scène. Les commentaires ne se limitent cependant pas aux corps et
à leurs gestuels. Ils s’appliquent également au jeu et au ton des
acteurs. Pour illustrer cette idée, on peut prendre l’exemple de
la scène 8 où l’Acteur français en romain se fait examiner par
Olivette. Il tient, en effet, les propos suivants : « Soit,
je suis complaisant et je vais débuter […] / Ai-je pris de Titus
la faible majesté / Et le ton doucereux… Voici de l’ironie, […]
/ Avez-vous observé, ma reine, avec quel art / J’ai dit ces vers
d’un ton noblement goguenard […] ». Il nous montre la
palette de ton dont est capable un acteur. Comme c’était le cas du
Faux Ivrogne, il brise quelque peu l’illusion théâtrale en
montrant que ce qu’il est et ce qu’il fait ne sont que de jeux
d’acteurs.
Si l’acteur tient un rôle important,
il n’est néanmoins pas le seul élément qui constitue la
représentation. Notre pièce ne s’arrête donc pas aux acteurs
mais s’élargit sur tout ce qui concerne les rouages d’un
spectacle. Tout d’abord, d’autres emplois nous sont présentés
avec les machinistes de la scène 6. En effet, Rebours dit avoir « eu
longtemps la direction du cintre » et fait « pendant plus
de deux années […] rouler le tonnerre »42 ;
lorsqu’Hamoche dit avoir la direction « du souterrain »,
ayant « été monstre pendant trois ans ». On est à
nouveau confronter à détachement de l’illusion théâtrale ;
les deux machinistes nous révèlent ici avec beaucoup d’ironie les
dessous du merveilleux et du grandiloquent par de croustillantes
anecdotes. Après leurs présentations, en effet, les deux hommes se
lancent dans une joute où ils vont « faire un petit détail de
toutes les merveilles dont [leurs] yeux ont été témoins pendant
[qu’ils ont] été occupé à ce spectacle ». De fait, il
s’ensuit une déconstruction d’un certain nombre de tableau de
l’Opéra, mettant en avant les dessous des effets spéciaux, des
décors et des bruitages d’un spectacle. Pour illustrer cette idée,
on peut citer Rebours qui prétend avoir « vu la justice en
balance / Et qui ne tenait qu’à deux fils » ainsi que « le
soleil et la lune / Qui faisaient des discours en l’air » ou
encore « l’aimable Cythérée / […] Dans une machine
entourée ». Les propos de Rebours sont teintés d’un jeu
entre le poétique et la révélation subtile de la réalité. On se
doit également de rendre certains des propos d’Hamoche qui prétend
avoir « vu le maître du tonnerre / Attentifs aux coups de
sifflet / Pour lancer ses feux sur la terre / Attendre l’ordre d’un
valet » ainsi que « des dragons fort traitables / Montrer
les dents sans offenser. / J’ai vu des poignards admirables /
Tuer les gens sans les blesser ». Avec parfois une valeur
iconoclaste comme dans le cas de Jupiter mais également de Rolland
plus loin dans la scène, Hamoche découvre les rouages et les
artifices de l’activité théâtrale. Cela est particulièrement
frappant avec la mention de ces faux poignards qui relèvent du
domaine de l’accessoire. On trouve une mention spéciale aux
costumes à travers le personnage de l’Acteur français qui,
véritable « Protée », change de rôle durant les scènes
8 et 9.
Les dessous de l’activité théâtrale
sont donc au cœur de la pièce de Pannard et Fuzelier. On peut
penser que Le Départ de l’Opéra-Comique prend son essence
dans un jeu profond avec un usage positive de la théâtralité selon
Michel Corvin lorsqu’il écrit que « […] la notion est
manifeste chaque fois que le théâtre est menacé d’être confondu
avec la "vie" : il est alors judicieux de rappeler que
toute représentation est un simulacre […] »43.
La pièce de Pannard et Fuzelier n’a de cesse de nous montrer
l’envers du décor, d’incorporer du théâtre dans le théâtre
pour jouer avec l’illusion de réel.
Un vivier intertextuel
Nous venons de voir à quel point la pièce de Pannard et Fuzelier
est placée sous le signe de la théâtralité, cette omniprésence
du spectacle s’insinue également par un large vivier intertextuel
et parodique. Le cas des Fêtes grecques est le plus
intéressant parce qu’il s’agit d’un ballet héroïque de
Fuzelier que l’auteur parodie lui-même ici. L’œuvre est
mentionnée à la scène 9 lorsque l’Acteur français et Colombine
décide de jouer une scène, le premier interprétant le rôle
d’Alcibiade et la seconde interprétant Timée. Cette idée de
parodie est évoquée par l’Acteur français durant cette même
scène, lorsqu’il demande à jouer une parodie, Colombine lui
répond qu’elle « ne chante pas trop bien ». Il est, en
effet, intéressant de remarquer que les paroles des personnages
confirment la définition initiale de ce qu’est la parodie,
c’est-à-dire « l’emprunt d’un air musical à partir
duquel on écrivait de nouvelles paroles »44.
Néanmoins comme le remarque David Trott, « les transferts
intertextuels auxquels menait cette pratique [de la parodie] au
XVIIIe siècle furent multiples »45
et notre pièce en est un formidable exemple.
Dans son article sur Lesage, Françoise
Rubellin établit un classement des différents niveaux de la parodie
afin de « dégager les caractéristiques de la transformation
parodique chez lui [Lesage], et de mesurer par la même occasion
l’ampleur référentielle et la portée critique de ces pièces »46.
Parmi les quatre niveaux qu’elle suggère, trois nous intéressent
particulièrement dans le cas du Départ de l’Opéra-Comique.
Il s’agit du niveau du titre, des caractères et du langage. En
effet, la pièce de Pannard et Fuzelier est garnie de mentions
d’œuvres, qu’il s’agisse d’Opéra comme de théâtre. On
pourrait classer ces références selon s’il s’agit de grands
classiques ou bien de pièces plus contemporaines, comme le suggère
David Trott dans son ouvrage :
La profusion des parodies théâtrales au XVIIIe siècle
constitue un autre signe de la vogue des manifestations de la
théâtralité ambiante du moment. Cette vague de citations et de
réappropriations ironisantes du canon théâtrale léguée par le
classicisme parcourut tout le siècle et s’enrichit progressivement
de nouvelles cibles au fur et à mesure que le répertoire des
spectacles en France augmenta.47
De fait, durant la scène 6, par
exemple, les deux machinistes citent différents opéras de
Jean-Baptiste Lully tels que Bellérophon de 1679 ou Persée
de 1675 ; lorsque l’Acteur Français cite, durant la scène 8,
Cinna de Corneille datant de 1641 ou encore deux pièces de
Racine que sont Bajazet de 1672 et Mithridate de 1673.
On peut parfaitement classer ces pièces dans ce canon légué « par
le classicisme ». En contrepartie, on peut aussi trouver des
références qui relèvent du nouveau répertoire telles que
Rhadamiste et Zénobie de Crébillon père datant de 1711 ou
bien La Surprise de l’amour de Marivaux datant de 1722.
Mais, si les titres sont cités, la majeure partie des références
se retrouvent par la mention d’un ou deux personnages provenant de
l’œuvre tels que « Amphitrite » qui appelle Le
Triomphe de l’Amour et de Bacchus de Lully, « Urgande »
qui fait référence à Amadis ou bien « Thétis »
qui appelle Thétis et Pelée de Fontenelle et Collasse.
Cela étant dit, les références
intertextuelles se limitent pas à cela, elles passent également par
les mentions vagues de grandes figures mythiques telles que Mars,
Neptune, Cythérée, Daphnis, Achille ou encore Jupiter, nommé « le
maître du tonnerre » à la scène 6. Ces mentions
s’élargissent au domaine de la comédie avec les noms types de
valets tels que Marton, Lisette, Nérine, Frontin ou Masquarille. Les
personnages de la Commedia dell’arte sont également mentionnés,
notamment à la scène 10 où l’on peut relever les noms
d’Arlequin, Polichinelle, Pierrot et Scaramouche. Ces références,
certes moins précises que la mention d’une œuvre en particulier,
viennent néanmoins épaissir la toile et alimenter un réseau de
sens plus large.
Nous venons d’évoquer le niveau
parodique qui concernait le titre, intéressons-nous à présent au
niveau du langage qui est aussi grandement présent dans les scènes
de l’Acteur français. En effet, l’acteur reprend mot pour mot
les répliques des tragédies de Racine, Bérénice et
Britannicus dans la tirade qui suit :
Voici du doux. Eh bien, Titus que viens-tu faire ?
/ Bérénice t’attend, d’où viens-tu, téméraire ? / Tes
adieux sont-ils prêts, t’es-tu bien consulté ? / Ai-je pris
de Titus la faible majesté / Et le ton doucereux… Voici de
l’ironie, / C’est Néron qui surprend son rival et Junie ; /
Prince, continuez des transports si charmants, / Je connais vos
bontés par ces remerciements, / Madame : à vos genoux je viens
de le surprendre. / Mais il aurait aussi quelque grâce à me rendre.
Il s’agit là des premiers vers la
réplique de Titus à la scène 4 de l’acte 4 de Bérénice
et des premiers vers de la réplique de Néron à la scène 8 de
l’acte III de Britannicus. Mais si on trouve la reprise
parfaite des vers de Racine, on en trouve aussi des parodies comme
lorsque l’Acteur français en romain fait son entrée. « Arrêtons
un moment. L’affluence en ces lieux, / Je le vois bien, mon cher,
est nouvelle à tes yeux. / Le théâtre souvent tranquille et
solitaire / Des regrets de la foire, est le dépositaire »
déclame-t-il, parodiant les quatre premiers vers suivants de
Bérénice : « Arrêtons un moment. La pompe de ces lieux, / Je
le vois bien, Arsace, est nouvelle à tes yeux. / Souvent ce cabinet
superbe et solitaire / Des secrets de Titus est le dépositaire ».
Il est intéressant de noter que ces reprises parodiques se fondent
bien « sur la complicité des spectateurs qui jouent le jeu de
la double référence, et qui connaissent aussi bien le texte cible
que le texte parodiant »48.
Cette parodie s’étire jusqu’aux vaudevilles comme nous le
suggèrent les vers : « Cédez au romain qu’on voit
paraître » d’Olivette sur l’air « C’est le dieu
des eaux [qui va paraître] » à la scène 8. On ne peut
s’empêcher de noter un jeu homophonique sur le premier mot du
vers, « cédez », qui fait écho à « c’est le
dieu » de la version originale.
On trouve, d’autre part, le niveau
parodique de caractères qu’évoque Françoise Rubellin dans son
article. Il est, en effet, possible de noter des commentaires faisant
références au jeu des acteurs. Lorsque l’Acteur français et
Colombine débattent, à la scène 9, pour savoir quelle pièce
jouer, l’acteur propose La Surprise de l’amour de
Marivaux, jouée chez les Italiens, mais Colombine refuse évoquant
les raisons suivantes : « Il faut dans cette pièce la
jouer comme une Silvia, l’entreprise est hardie, peut-on prendre
des tours si parfaits ? C’est ce que l’on n’a point vu de
la vie et qu’on ne verra jamais, je ne veux point m’y exposer ».
Il n’est plus tant question ici de la pièce mais plutôt de la
performance et du jeu de l’actrice italienne. Avec cette référence,
l’intertextualité prend une autre dimension qui relève davantage
de la représentation théâtrale. On retrouve cette idée
lorsqu’Olivette dit, à la scène 9 : « il nous faudrait
un Arlequin / Affublé de son casaquin / Pour mettre en jeu la
Colombine / Et dans une scène badine, / Seconder ses lazzis
plaisants ». Rappelons que les lazzis sont des suites de gestes
types, de mouvements divers, effectués par les zannis, valets de la
Comédie-Italienne. Ces jeux scéniques sont donc évoqués à
travers la mention d’Arlequin. Ils le sont également durant la
scène 10 où l’Acteur français effectue les danses de
Polichinelle, Pierrot et Scaramouche.
Un dernier type de références peut
être noté, il s’agit de références à la mise en scène, aux
décors et à la réception de certains spectacles. En ce qui
concerne la mise en scène, durant la scène 6, les machinistes font
références au char de Phaéton49
ainsi qu’à la destruction du palais d’Armide50
lorsque Rebours dit avoir « vu du ténébreux empire, /
Accourir avec un pétard, / Cinquante lutins pour détruire / Un
palais de papier brouillard ». Il nous est également possible
d’imaginer les éléments de décors avec cette mention de « papier
brouillard » qui renvoie à une « sorte de papier dont on
ne se sert […] pour dessiner, pour faire des patrons […] »
selon le dictionnaire de l’Académie de 1798. On trouve une
autre référence au décor lorsque Le Temple du goût est
évoqué à la scène 9 et que Colombine dit que la pièce « ne
paraîtrait rien ici, [car ils n’ont] pas la décoration ».
Ces éléments nous confrontent à une réalité concrète et
matérielle de la représentation théâtrale. La réception qu’ont
pu obtenir certains spectacles tels que Gustave Wasa d’Alexis
Piron de laquelle l’Acteur français nous dit qu’ « on l’a
beaucoup fêté ».
Ainsi donc, Le Départ de
l’Opéra-Comique se trouve être le parfait exemple de
l’influence et de l’inspiration qui existent entre les
différentes scènes durant l’Ancien Régime.
______________________
1
Nathalie Rizzoni, Défense et illustration du « petit » : la
vie de l’œuvre de Charles-François Pannard, Oxford, Voltaire
Fondation, 2000, p. 6.
2
Notice d’Isabelle Degauque pour « Pannard, Pontau et Parmentier,
Alzirette » In Théâtre de la Foire : anthologie de
pièces inédites 1712-1732, éd. Françoise Rubellin,
Montpellier, Ed. Espaces 34, 2005, p. 309.
3
Nathalie Rizzoni, Op. Cit., p. 40.
4
Ibidem, p. 98.
5
Brigitte Level, « Poètes et musiciens du caveau », In Cahiers
de l'Association internationale des études françaises, 1989,
N°41, p. 161-176.
6
Robert Sabatier, Histoire de la poésie française : Poésie
du XVIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1975, p. 106.
7
Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, 1842, p. 61.
8
Ibidem, p. 106.
9
Voir sur le sujet : Jacques Bouché, Gallet et le Caveau :
1698-1757, Epernay, 1883.
10
Robert Sabatier, Op. Cit., p. 103.
11
Voir le site du musée virtuel du Louvre, « Le vin des arts,
une histoire du vin, de l’Antiquité à nos jours » :
http://www.musee-virtuel-vin.fr/.
12
Nathalie Rizzoni, Op. Cit., p. 98.
13
Il s’agirait des pièces suivantes : Les
Deux suivantes, Le
Bouquet du Roi, La
Comédie sans hommes, Les
Fêtes galantes et Le
Rien.
14
Il s’agit de L’Impromptu du Pont-Neuf, au tome VII,
datant de 1729.
15
Marcello Spaziani, Il teatro della « foire »,
Roma, A. Signorelli, 1957, p. 61.
16
David Trott, Théâtre du XVIIIe siècle : Jeux, images, regards,
Montpellier, éd. Espaces 34, 2000, p. 86.
17
On trouvera, en annexe 1, une chronologie représentant les périodes
où Pontau était entrepreneur.
18
Nathalie Rizzoni, « Les Dessous de l'Opéra-Comique avant
1750 », In La Fabrique du théâtre : Avant la mise en
scène (1650-1880), Ed. Mara Fazio et Pierre Frantz, Paris,
Desjonquères, 2008, 443 pages.
19
David Trott, Op. Cit., p. 201.
20
Françoise Rubellin (sous la direction de), Atys burlesque :
Parodies de l’opéra de Quinault et Lully à la Foire et à la
Comédie-Italienne 1726-1738, Montpellier, Ed. Espaces 34, 2011,
p. 81-82.
21
Il s’agirait de : L’Ecole des amants ; L’Industrie
; La Tante rivale ; Le Bal du
Parnasse ; Le Départ de l’Opéra-Comique
; Le Fleuve Scamandre ; Le Malade
par complaisance ; Le Vaudeville ; Le
Voyage du Parnasse et son Prologue ; Les
Amours déguisés ; Pierrot Céladon ou
La Nouvelle Astrée ; Pierrot furieux
ou Pierrot Roland ; Pierrot Tancrède ou
La Méprise de l’amour.
22
Jean-Augustin-Julien Desboulmiers, Histoire du théâtre de
l’Opéra-Comique, Paris, Chez Lacombe, 1769, p. 198-211.
23
Claude et François Parfaict, Mémoires pour servir à l’histoire
des spectacles de la Foire, Paris, 1743, T. 2, p. 86-87.
24
Emile Campardon, Les Spectacles de la Foire, 1877, p. 125.
25
Emile Campardon, Op. Cit.,
p. 244.
26
Voir le développement dans la notice des Noms en blanc de
Fromaget.
27
Agnès Paul, Les théâtres des foires Saint-Germain et
Saint-Laurent dans la première moitié du XVIIIe siècle
(1697-1762), T. 3, 1983, p. 56-57.
28
Emile Campardon, Op. Cit.,
T. 2, p. 302-303.
29
Ibidem, p. 37.
30
Ibidem.
31
Voir la notice dans Théâtre de la Foire : anthologie de
pièces inédites 1712-1732, éd. Françoise Rubellin,
Montpellier, Ed. Espaces 34, 2005, p. 148-149.
32
Agnès Paul, Op. Cit., p. 24.
33
Ibidem.
34
Voir la figure 6 : Tableau représentant les membres de la
troupe de François Molin.
35
Voir dans la présente notice la partie consacrée aux acteurs de la
pièce.
36
Dominique Quéro, « Ridicules en série au XVIIIe siècle : la
“pièce à tiroir”, structure récurrente des spectacles forains
», Séries et variations. Études littéraires offertes à
Sylvain Menant, Paris, PUPS, 2010, p. 811-822.
37
Henri Duranton, Journal de la Cour et de Paris, Presses de
l’Université de Saint-Etienne, 1981, p. 54-55.
38
Nathalie Rizzoni, « Les Dessous de l’Opéra-Comique avant
1750 », In La Fabrique du théâtre : Avant la mise en
scène (1650-1880), Ed. Mara Fazio et Pierre Frantz, Paris,
Desjonquères, 2008, 443 pages.
39
Dominique Quéro, Art. Cit., p. 811-822.
40
Nathalie Rizzoni, Art. Cit.
41
On trouvera, en annexe 2, un tableau résumant ces interdictions.
42
On trouvera, en annexe 7, une photographie représentant un chariot
à tonnerre.
43
Michel Corbin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre,
Paris, Bordas, 1991, p. 820.
44
David Trott, Op. Cit., p. 204.
45
Ibidem.
46
Françoise Rubellin, « Lesage parodiste : un regard
critique », In Lesage, écrivain (1695-1735), éd.
Jacques Wagner, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 1997,
p. 95.
47
David Trott, Op. Cit.,
p. 201.
48
David Trott, Op. Cit., p. 206.
49
On trouvera, en annexe 10, une gravure de ce char.
50
On trouvera, en annexe 10, une gravure représentant la destruction
de ce palais.
Bonjour Ju Ti,
RépondreSupprimerJe suis en train d'écrire un article de musicologie sur Pontau directeur de l'Opéra-Comique, et j'aimerais citer votre intéressant article, avec un nom complet d'autrice.teur.
Merci pour votre aide,
Raphaëlle Legrand, professeure de musicologie, Sorbonne Université
Bonjour, si vous le jugez digne d'intérêt, j'en serais plus que ravie. Puis-je vous contacter sur votre mail professionnel?
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